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Mise à jour : 22 janvier 2023

La vitrine du local

Janvier 2023 : Alexandre Corréard

Vitrine du local
Le plus célèbre des Serrois au début du XIX e siècle est certainement Alexandre Corréard.
Alexandre Corréard est né à Serres le 4 novembre 1788. Son père Benoît Corréard, marchand, avait épousé en 1774 Elisabeth, la fille de Gabriel Nicolas de Meissas chirurgien et coseigneur de Sigottier. Alexandre est le sixième enfant de cette famille.
Sa sœur aînée, Jeanne-Marie, mariée à Jean Chabal est l’une des ascendantes de la famille Emperaire.
Très jeune, Alexandre fait ses études à Serres, puis au prytanée de Compiègne. Il obtient le titre de « savant géographe ». C’est ce qui lui vaut d’être désigné en 1816 par le roi Louis XVIII pour faire partie de l’expédition qui va reprendre possession de Gorée et de Saint-Louis du Sénégal ; quatre vaisseaux doivent conduire les troupes, les savants et les colons. Ils partent le 17 juin 1816, sous le commandement du capitaine de frégate Duroys de Chaumareys qui n’a pas navigué depuis 25 ans !

Le vaisseau La Méduse se retrouve enlisé le 2 juillet 1816 sur le banc de sable, le banc d’Arguin, près des côtes occidentales d’Afrique. Il est abandonné par les passagers qui prennent place sur les canots de sauvetage en nombre insuffisant et surtout sur un radeau construit avec les bois de la frégate. Le 5 juillet les canots peuvent se diriger vers le Sénégal, mais les 147 personnes qui ont pris place sur le radeau, (dont Alexandre Corréard et une seule femme, native des Hautes-Alpes elle aussi), se retrouvent seules abandonnées avec peu de vivres, sans commandement puisque de Chaumareys est parti sur l’un des canots.
Vitrine du localCette plaque située en la mairie de Serres rappelle Alexandre à notre souvenir.
La frégate Argus parvient cependant à retrouver le radeau et ses rescapés le 17 juillet. Seules quinze personnes survivent parmi lesquelles Alexandre Corréard couvert de blessures. Neuf seulement, dont le savant géographe, restent en vie. Ils ne peuvent raconter leurs mésaventures tant ils ont été choqués par ce qui a été leur vie durant ce périple. Seul, Corréard a le courage de parler : scènes horrifiantes d’anthropophagie et de meurtres... Il raconte dans tous les détails la faim, la soif, les mutineries, la folie collective.
Vitrine du localLa Méduse est une frégate dont les dimensions sont les suivantes : 47 mètres de long, 12 de large avec un tirant d’eau de 5 mètres. Son équipage est de 325 hommes.
L’émotion, l’indignation soulèvent le public qui réclame la mort pour l’incapable chef de l’expédition qui, lui, n’était pas sur le radeau...
Alexandre se rétablit difficilement à l’hôpital de Saint-Louis. Il présente de nombreuses brûlures dues au soleil. Il retourne à Paris sur le bateau La Loire.
Alexandre se lie d’amitié avec le peintre Géricault sur son lit à l’hôpital de Saint-Louis. L’artiste note les souvenirs qui lui permettent d’exposer au salon de 1819 son œuvre maîtresse, Le Radeau de la Méduse. Le portrait de Corréard est au centre du tableau ; il est représenté de face, le bras gauche levé et tendu vers l’horizon entouré des corps de ses compagnons d’infortune. Il faut un peu plus de deux ans à Géricault pour peindre cette toile car il étudie les moindres détails des personnages, fait plusieurs esquisses afin de se décider sur la scène à dessiner. Terminée en 1818, cette toile mesure 4,91 mètres de haut sur 7,16 mètres de long.
Alexandre ne s’est jamais totalement remis de ce drame. Il se retire à Avon, un village près de Fontainebleau. Sa femme est morte, et il n’a pas d’enfants. Il reste seul, sans amis, il est en procès avec la plupart de ses voisins. Il meurt en 1857, à l’âge de 68 ans.
Texte issu de la recherche faite avec les élèves de CP/CE1 de l'année scolaire 1996/97 et extrait du fascicule réalisé par les élèves.
Pour en savoir plus :
-Lettre aux amoureux du patrimoione No86
-L'affaire de la Méduse par Philippe Masson, éditions Tallandier 1989 - ISBN 2-235-01820-3